Le Global State of Tobacco Harm Reduction (GSTHR), un projet de l'agence de santé publique britannique Knowledge·Action·Change (K·A·C), a publié un document d'information explorant le potentiel de la réduction des méfaits du tabac (THR) dans au profit des personnes sans abri.
Intitulé « Réduction des méfaits du tabac et personnes sans abri – une perspective britannique », le document aborde l'impact grave des taux élevés de tabagisme sur la vie et la santé des personnes sans abri. Il se penche également sur les initiatives de réduction des risques mises en œuvre dans trois villes britanniques pendant la pandémie de COVID-19, et sur l'effet qu'elles ont eu sur le sans-abrisme.
Les enquêtes britanniques estiment systématiquement que 76 à 85 % des sans-abri fument, un pourcentage nettement plus élevé que la faible prévalence historique du tabagisme dans la population générale, soit 12,9 %. Les hommes sans abri meurent en moyenne à 44 ans, contre 76 ans dans la population générale, tandis que les femmes meurent à 42 ans, contre 81 ans. Le tabagisme est un facteur important de cette disparité en matière de santé.
Les problèmes de santé respiratoire sont particulièrement préoccupants chez les sans-abri, notamment les infections pulmonaires, la pneumonie et l'essoufflement, souvent aggravés par le tabagisme. Les sans-abri ont également tendance à fumer d’une manière qui augmente les risques pour la santé, comme en fumant beaucoup, en partageant des cigarettes ou en fumant des cigarettes jetées. Malgré leur forte dépendance, la moitié des personnes sans abri expriment le désir d'arrêter, à l'instar de la population générale.
La plupart des sans-abri se tourneraient volontiers vers des alternatives plus sûres
THR propose une solution en proposant des alternatives au tabagisme. Une étude de 2019 a révélé que les deux tiers des sans-abri qui fumaient seraient prêts à passer au vapotage avec des appareils disponibles gratuitement. Les initiatives menées pendant la pandémie de COVID-19 ont fourni des kits de démarrage de vape gratuits aux sans-abri de Londres, Manchester et Édimbourg, offrant ainsi des avantages immédiats et réduisant les risques pour la santé associés au tabagisme.
Le document d'information appelle à une exploration plus approfondie des voies de réduction des risques pour les populations sans abri, en soulignant le potentiel d'améliorations substantielles de la santé. Bien que basés sur des preuves britanniques, les résultats sont destinés à être pertinents pour les professionnels de la santé et des sans-abri dans le monde entier, avec des traductions disponibles dans plusieurs langues. Le directeur de K·A·C, David MacKintosh, a souligné la nécessité de s'attaquer à l'impact disproportionné du tabagisme sur les populations sans abri, en proposant la réduction des méfaits comme approche pragmatique pour améliorer leur bien-être.
Rapport du GSTHR sur la COP10
En 2023, le GSTHR a mené une analyse de l'ordre du jour contrasté de la COP10 et de ses documents d'accompagnement, dans le but d'évaluer l'impact potentiel de la conférence sur le THR.
Les résultats ont révélé une absence tragique mais non surprenante de toute prise en compte de la PTH et de sa capacité à atténuer les problèmes de santé liés au tabagisme dans les procédures prévues. Comme prévu, la documentation accessible au public ayant précédé la COP10 de la FCTC présente les produits à base de nicotine plus sûrs comme une menace pour la lutte antitabac plutôt que comme des outils potentiels qui pourraient aider les fumeurs à arrêter de fumer ou à réduire les méfaits du tabac combustible.
Malheureusement, l’OMS devrait demander aux États membres de la CCLAT de catégoriser et de réglementer les vapes, le snus, les sachets de nicotine et les produits du tabac chauffé de la même manière que le tabac combustible. Les données ont constamment montré qu’une telle approche risque de limiter ou d’obstruer l’accès à des alternatives plus sûres pour les personnes qui les utilisent déjà, ce qui pourrait les conduire à nouveau au tabac. Cela menace également ceux qui fument et pourraient potentiellement changer pour améliorer leur santé.
Le 6ème Sommet sur la réduction des méfaits du tabac
Tout cela a également été discuté lors du 6e Sommet sur la réduction des méfaits du tabac : nouveaux produits, recherche et politique, qui s'est tenu à Athènes en septembre dernier. Les panélistes, tous experts dans le domaine de la santé publique, ont souligné que les stratégies offrant aux fumeurs des alternatives moins nocives aux cigarettes traditionnelles sont plus efficaces pour réduire le tabagisme par rapport à l’approche de la Convention-cadre pour la lutte antitabac (CCLAT) de l’OMS qui est basée sur l’interdiction.
Le Dr Lorenzo Mata, président de Quit For Good, une organisation à but non lucratif promouvant la réduction des risques aux Philippines, a souligné l'importance de plaider en faveur de politiques fondées sur la science sur la scène mondiale, en particulier dans les pays expérimentés dans la réglementation de ces nouveaux produits.
Cette discussion avait eu lieu en prévision de la COP10 avant qu'elle ne soit reportée. Le Dr Fernando Fernandez Bueno, médecin espagnol, a souligné la nécessité d'un débat scientifique et fondé sur des données sur la lutte antitabac, en s'éloignant des réactions et des opinions émotionnelles pour réaliser de réels progrès dans la lutte contre le tabac.
Le professeur Andrzej Fal, président de la Société polonaise de santé publique, a souligné l'importance de la prévention pour réduire les effets financiers et sanitaires du tabagisme. Il a plaidé pour le financement d’une prévention primordiale et d’une approche réglementaire « moins de dommages, moins d’impôts ». Le professeur David Sweanor de l'Université d'Ottawa a quant à lui souligné l'échec de la CCLAT et de l'OMS à reconnaître les avantages du tabac et des produits à base de tabac moins nocifs pour remplacer les cigarettes et a mis en garde contre les décès inutiles et la perte de crédibilité qui en résulteraient.
Le Dr Konstantinos Farsalinos, médecin et chercheur grec renommé dans le domaine, a cité des données provenant de pays soutenant des produits moins nocifs tels que les vapes, le snus et les produits du tabac chauffés (HTP), indiquant comment ces pays ont atteint des taux de tabagisme inférieurs grâce à ceux-ci.