Le gouvernement canadien a adopté une nouvelle taxe de 12 % sur les produits de vapotage dans le cadre de sa stratégie plus large visant à réduire la consommation de vapotage et de tabac chez les jeunes. Cet objectif de la taxe rend les produits de vapotage moins abordables et, par conséquent, dissuade l’achat et l’utilisation, en particulier parmi les jeunes sensibles au prix. La taxe entrera en vigueur en juillet 2024 et sera appliquée à tous les produits de vapotage, y compris les jus, les appareils et les accessoires associés.
Cependant, les experts en réduction des méfaits du tabac et en sevrage tabagique ont exprimé leurs inquiétudes quant au fait que la taxe pourrait pousser les consommateurs vers le marché noir, où les produits ne sont pas réglementés et potentiellement plus dangereux. Ils soutiennent qu’une approche équilibrée est nécessaire, une approche qui aborde le vapotage chez les jeunes sans pénaliser les fumeurs adultes qui utilisent le vapotage comme alternative moins nocive aux cigarettes traditionnelles.
De même, des experts internationaux de la santé représentés par Smoke Free Sweden ont critiqué le projet de taxe sur la vape du ministère canadien des Finances. Ils ont souligné que la hausse d’impôt proposée de 12 % contredit l’approche suédoise, selon laquelle les produits alternatifs sont rendus plus accessibles et plus abordables grâce à une taxation proportionnelle au risque. En fait, la récente réduction des taxes sur le snus en Suède souligne encore davantage cette stratégie.
Alors que le taux de tabagisme en Suède approche les 5 %, en grande partie grâce à la disponibilité de produits alternatifs comme le snus et les vapes, le pays est sur le point de devenir un pays sans fumée. En revanche, le taux de tabagisme au Canada s'élève à 12 %. Dr. Delon Human, leader de Smoke Free Suède, souligne que l’augmentation des taxes sur le vape s’écarte du modèle suédois à succès. Il a exhorté les autorités canadiennes à donner la priorité à l'accessibilité et à l'abordabilité des alternatives moins nocives aux cigarettes pour sauver des vies.
L’interdiction des arômes de vape en 2021 est de retour sur la table
Parallèlement, le Canada s’apprête également à interdire les arômes des produits de vapotage, une réglementation initialement introduite en juin 2021 mais jamais appliquée. Le ministre de la Santé, Mark Holland, a rétabli l'interdiction, citant son expérience à la Fondation des maladies du cœur, où il considérait le vapotage comme un problème de santé publique. Holland soutient que l'absence d'action précoce a conduit une nouvelle génération de jeunes à devenir dépendants du nic, ce qui a entraîné des conséquences importantes sur leur santé.
L'interdiction limiterait les fabricants à utiliser moins de 100 ingrédients aromatiques spécifiques, autorisant uniquement les arômes de tabac, de menthe et de menthol. Les édulcorants seraient interdits et les attributs sensoriels doivent correspondre strictement aux trois saveurs autorisées. Naturellement, les experts dans le domaine ont averti que, conformément aux données réelles provenant des endroits où de telles restrictions ont été mises en place, cette mesure aurait des conséquences inattendues.
La Vaping Industry Trade Association (VITA) a averti que l'interdiction pourrait être préjudiciable aux anciens fumeurs adultes qui comptent sur les vapes aromatisées comme alternative moins nocive au tabagisme. Le directeur général de VITA, Thomas Kirsop, considère l'interdiction comme un projet personnel de Holland, destiné à lui gagner la faveur politique car soutenu par de grandes organisations de santé comme la Fondation des maladies du cœur, la Société canadienne du cancer et l'Association pulmonaire du Canada.
Par ailleurs, un récent sondage de Research Co. indique qu’une majorité significative de Canadiens seraient favorables à l’imitation de l’interdiction générationnelle du tabac proposée par le Royaume-Uni. Cette loi augmente progressivement d'un an par an l'âge légal pour acheter des cigarettes, interdisant finalement aux personnes nées en 2009 ou après d'acheter des cigarettes. Environ les deux tiers seraient favorables à une telle mesure, et seulement 21 % ne la soutiendraient pas. Le Canada a également pris des mesures pour rendre obligatoire l'étiquetage des avertissements sur les cigarettes individuelles, une décision soutenue par plus des deux tiers des Canadiens.