L’environnement réglementaire des vapes en Afrique du Nord

La position de l’Afrique du Nord sur les produits alternatifs, tels que les cigarettes électroniques et le tabac sans fumée, varie selon les pays, mais dans l’ensemble, la région se caractérise par une réglementation prudente. Des pays comme l’Égypte et le Maroc ont traditionnellement imposé des réglementations strictes sur les produits du tabac, notamment des taxes importantes et des interdictions de publicité, dans le but de réduire la consommation de tabac en raison de ses effets sur la santé. Cependant, l’introduction de produits alternatifs aux nic a suscité un intérêt pour la réduction des risques, poussant les décideurs politiques à envisager de nouveaux cadres réglementaires.

En Égypte, les systèmes de distribution électronique de nicotine (ENDS), tels que les vapes, sont confrontés à des restrictions strictes similaires à celles imposées au tabac traditionnel. Le gouvernement reste méfiant à l'égard de ces produits, invoquant des inquiétudes quant à leur attrait potentiel pour les jeunes et le manque de données sur la santé à long terme. Malgré ces préoccupations, les avantages potentiels des stratégies de réduction des méfaits sont de plus en plus reconnus, ce qui pourrait conduire à des réglementations rendant accessibles des alternatives plus sûres aux fumeurs adultes.

En Algérie, le gouvernement a commencé à reconnaître le potentiel de réduction des risques, mais maintient un contrôle strict sur la vente et la publicité des produits de vapotage, traitant les cigarettes électroniques de la même manière que les produits du tabac traditionnels. La publicité et l'utilisation publique sont restreintes et il existe des réglementations strictes sur les ventes et les importations. Ces mesures visent à contrôler la propagation du vapotage, notamment chez les jeunes, dans le but de protéger la santé publique.

De même, en Tunisie, les lois sur la vape sont relativement strictes et restreignent la vente et la distribution des ENDS. La publicité est interdite et l'utilisation publique est restreinte pour décourager le vapotage, en particulier chez les mineurs. Cependant, une modification des lois tunisiennes sur la vape pourrait être imminente. ECigIntelligence a rapporté qu'en mai 2023, le chef du programme national antitabac au ministère de la Santé avait annoncé que le ministère était en train d'élaborer de nouvelles réglementations sur la vape.

Sentiments mitigés au Maroc
Le Maroc a historiquement fait preuve d’une approche plus ouverte, avec une certaine flexibilité réglementaire autorisant la vente et l’utilisation des ENDS. Les défenseurs de la santé publique du pays réclament des directives plus claires pour garantir que ces produits sont gérés en toute sécurité tout en les présentant comme des options moins nocives pour les fumeurs. Cependant, le ministre marocain de la Santé, Khalid Aït Taleb, a récemment fait part de ses inquiétudes concernant l’utilisation croissante du vapotage chez les adolescents et s’est engagé à prendre des mesures décisives pour résoudre ce problème urgent de santé publique.

Les données d'une étude nationale menée en 2021 ont révélé que les adolescentes âgées de 15 à 17 ans constituent le groupe démographique le plus important de vapoteurs, avec un taux de 5 %, contre un taux de 2 % chez les garçons du même groupe d'âge. Étonnamment, un modèle d’utilisation similaire selon le sexe a été observé au Royaume-Uni. Par ailleurs, l’étude, connue sous le nom de « MEDSPAD », a mis en évidence la tendance à l’expérimentation de la cigarette électronique chez la jeunesse marocaine, avec près de 7,7 % des étudiants ayant essayé la cigarette électronique avant l’âge de dix ans, et la prévalence augmentant considérablement avec l’âge.

Aït Taleb a souligné l’avertissement de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) concernant les campagnes ciblées de promotion de la cigarette électronique ciblant les enfants via les réseaux sociaux et les influenceurs. Il a ajouté que la recherche scientifique indique les effets nocifs des cigarettes électroniques, notamment un risque accru de cancer, des problèmes cardiaques et pulmonaires et un développement cérébral entravé chez les adolescents. Malheureusement, la plupart des études auxquelles il fait référence n’ont pas réussi à mesurer les risques liés aux vapes par rapport à ceux liés aux cigarettes.

En réponse, le ministère de la Santé et de la Protection sociale du Maroc a lancé une stratégie globale pour lutter contre le vapotage chez les adolescents. Aït Taleb a mis l'accent sur l'intégration des mesures de prévention dans le programme national de santé scolaire et universitaire pour 2022-2030, en mettant l'accent sur l'accompagnement en santé mentale et la prévention de l'addiction aux nic.

Le ministère prévoit également de renforcer les capacités des professionnels de la santé grâce à une formation spécialisée et de collaborer avec le ministère de l’Éducation nationale sur des initiatives conjointes en matière de santé scolaire. De plus, une ligne d'assistance téléphonique sera créée pour soutenir les jeunes confrontés à des problèmes psychologiques et de toxicomanie. Des cellules d'écoute, de conseil et de soutien psychologique seront mises en place dans 24 espaces de santé pour jeunes et 36 centres médicaux universitaires, pour aborder de manière globale l'usage de la cigarette électronique chez les adolescents.

De plus, le Maroc prévoit d’augmenter les droits d’importation sur les vapes jetables de 40 % dans le cadre du projet de budget 2024. L’objectif est d’aligner le taux des droits d’importation des produits jetables sur celui des autres cigarettes électroniques pour l’exercice 2023. Cette mesure vise à encourager des conditions de concurrence équitables sur le marché des ENDS.

Le vent est peut-être en train de tourner
Dans l’ensemble, l’Afrique du Nord évolue dans le paysage complexe de la lutte antitabac et des produits alternatifs en appliquant des mesures strictes. Cependant, même si l’approche générale semble restrictive, la région semble s’ouvrir lentement à l’idée d’équilibrer les priorités de santé publique avec les avantages potentiels de la réduction des méfaits.

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